EDITORIAL «nous sommes tous des africains» déclare michel Brunet. Par cette affirmation, le paléontologue ancré à Poitiers nous invite à réfléchir sur notre origine et sur notre devenir. En effet, sa découverte d’Abel au Tchad il y a vingt ans, puis de Toumaï, a permis d’accroître considérablement à la fois la temporalité de notre histoire (jusqu’à 7 millions d’années) et son espace à l’échelle d’un continent africain encore à découvrir. Découvertes primordiales qui devraient ouvrir notre champ de conscience. C’est un apport majeur dans l’histoire des sciences dont on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences. Michel Brunet est de ces chercheurs qui n’ont pas peur d’aller hors des sentiers battus. Pionnier en matière scientifique mais aussi dans la dimension sociale, il s’engage, et nous avec lui, à un autre regard sur ce qui fait notre humanité. Ce que son ami Edgar Morin appelle la communauté d’origine et la communauté de destin. L’un et l’autre ont apporté leur contribution salutaire à l’Espace Mendès France, sans crainte de poser un débat accessible à tous, de décloisonner les disciplines, de se confronter à la complexité, point de passage obligé pour vivre demain… et ensemble. Rappelons que Michel Brunet, tout professeur au Collège de France qu’il est, fait l’école buissonnière à sa façon. De temps en temps, il n’hésite pas à aller parler dans les écoles et les collèges. Quel que soit notre âge, il nous invite à réinventer en permanence des choses qui nous paraissent acquises. En cela, c’est un pur scientifique… humaniste. Didier Moreau. En couverture : dessin de Benoît Hamet.