éditorial La 10e édition de la Fête de la science mobilise davantage de scientifiques et d'associations en Poitou-Charentes. Cet intérêt pour la culture scientifique corrobore le récent sondage commandé par le ministère de l'Education nationale attestant que les Français accordent plus de crédit à la science et aux chercheurs. En même temps, le scepticisme ne cesse d'augmenter face aux innovations technologiques, en particulier dans les domaines de la santé, de l'agroalimentaire, de l'environnement, de la «marchandisation» du vivant, qui légitiment des questions d'éthique. Cette attitude semble apparemment paradoxale. En fait, cela montre que nos concitoyens souhaitent avoir un droit de regard sur l'activité des scientifiques sans pour autant remettre en cause la notion de progrès. Le contact direct du public avec les chercheurs demeure donc essentiel, notamment pour tenter de comprendre les modes de fonctionnement de la communauté scientifique. A l'évidence, la recherche est considérée comme un bien commun. D'où la nécessité de savoir mesurer son degré de liberté, sa relation à l'industrie et au marché. Il est vrai que la science est financée en partie grâce aux contrats privés. La créativité des chercheurs n'est pas remise en question. Cependant, accroître les moyens de la recherche publique permettrait à la fois de préserver un espace de liberté et d'affirmer la dimension sociale de la science, c'est-à-dire sa mise en débat sur la place publique. D'autre part, des lieux comme l'Espace Mendès France et L'Actualité Poitou-Charentes garantissent cet espace de liberté en créant des liens tout au long de l'année. Sans rechercher le consensus à tout prix, cette forme de débat permet d'instaurer des relations empreintes d'attention réciproque, de vigilance et de confiance. De sorte qu'une manifestation ponctuelle comme la Fête de la science se trouve renforcée. Didier Moreau