éditorial La mémoire est une composante de nos sociétés contemporaines. Cette notion de mémoire est trop souvent cantonnée à une analyse spécifique ou parcellaire. Elle mérite d’être considérée dans sa globalité, y compris pour penser l’avenir. Les patrimoines en sont une des composantes mais pas la seule. Cette édition de L’Actualité le démontre à nouveau. La mémoire permet d’explorer et de donner du sens à nos territoires. Elle est source de référence et d’évolution de nos regards. Ainsi en est-il des dinosaures qui peuplaient la Charente il y a 135 millions d’années ou bien des anthropoïdes africains datant de 38 à 39 millions d’années découverts par une équipe internationale de l’Université de Poitiers. Rien n’est figé, comme le démontrent dans leurs témoignages Saskia Sassen et Doudou Diène. Ils nous invitent à revoir des considérations qui apparaissaient comme établies, à les critiquer, à aller au-delà pour se projeter dans l’avenir de manière différente. Quelles seront les composantes futures de nos territoires ? Il existe une multitude de réponses possibles mais il est sûr que rien n’arrive ex nihilo. L’innovation ne vient pas par magie. Il faut un terrain propice et, pour cela, il faut le cultiver – y compris en développant la culture scientifique. L’étincelle ne surgit pas forcément là où on l’attend et pour la voir, notre regard ne doit pas être focalisé dans une seule direction. L’histoire des découvertes récentes montre que la chance sourit aux esprits non conformistes, voire iconoclastes. José Gualinga, membre du peuple Kichwa de Sarayaku, livre ce trait à notre sagacité : «L’esprit du jaguar nous observe.» Didier Moreau